En France, la période d’activité des tiques va principalement d’avril à novembre.
Les régions les plus touchées sont le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté, l’Auvergne-Rhône Alpes et la Nouvelle Aquitaine (5).
Les principales populations exposées aux piqures de tiques regroupent les professionnels sylvestres et agricoles, les chasseurs, les cueilleurs de champignons, les campeurs, les randonneurs et les promeneurs (6).
Selon l’INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), le risque de transmission d’un agent infectieux lors d’une piqure est conséquent : 15 % des tiques sont porteuses d’une bactérie du genre Borrelia et 14 % d’entre elles sont également porteuses d’un agent pathogène autre⁵.
Il est à noter que, d’après une étude de 2020 de l’INRAE, les piqures de tiques dans les jardins sont en recrudescence suite au confinement.
Pathologie vectorielle la plus fréquente, la maladie de Lyme est due aux tiques du genre Ixodes.
Lors de la piqure, la tique contaminée inocule une bactérie du genre Borrelia (famille des spirochètes).
En France, 3 espèces majoritaires sont à l’origine de la borréliose de Lyme avec des répartitions géographiques et tableaux cliniques différents :
B. afzelii
B. garinii
B. burgdoferi stricto sensu
A partir du point d’inoculation, Borrelia migre dans le derme et se multiplie, créant l’érythème migrant.
Par la suite, elle peut disséminer par voie sanguine et toucher, selon l’espèce, le système nerveux, les méninges, les grosses articulations, les yeux et le cœur.
La symptomatologie de la maladie de Lyme est polymorphe et évolue en trois phases inconstantes (7) :
Phase localisée précoce correspondant à l’érythème migrant.
Phase disséminée précoce (< 6 mois) : érythèmes migrants multiples et lymphocytome borrélien, atteintes du SNP (méningo-radiculite, PFP, etc.) et du SNC (méningite, méningomyélites et méningo-encéphalites), atteintes articulaires (monoarthrites et oligoarthrites), cardiaques (BAV, péricardites, myocardites, pancardites), et ophtalmologiques (uvéite, kératite, épisclérite, neuropathie du nerf optique).
Phase disséminée tardive (> 6 mois) : acrodermite chronique atrophiante, atteintes du SNP (polyneuropathie sensitive asymétrique) et du SNC (encéphalomyélite chronique progressive avec signes neurologiques focaux, crises convulsives, troubles cognitifs avec tableaux de démences incurables ou troubles des apprentissages chez l’enfant, manifestations psychiatriques, hydrocéphalies chroniques, vascularites cérébrales).
L’érythème migrant est pathognomonique de la borréliose de Lyme mais peut manquer ou passer inaperçu.
En l’absence d’érythème migrant, le diagnostic de la maladie de Lyme est délicat, reposant sur un faisceau d’arguments associant contexte épidémiologique et tableau clinique évocateur, sérologie Lyme (ELISA + Western Blot) double positive et absence de diagnostic différentiel.
Même si elles demeurent rares, les formes disséminées font la gravité de la maladie de Lyme les patients sont exposés à :
Une errance diagnostique qui peut durer plusieurs années en raison du polymorphisme des symptômes.
Des séquelles persistantes (dermatologiques, neurologiques, cognitives, psychiatriques, etc.) après traitement étiologique, pouvant être sources de handicap et nécessitant des prises en charge spécialisées.
Enfin, la borréliose de Lyme est non–immunisante ; la prévention des piqures de tique est primordiale.
En France, les autres maladies vectorielles à tiques demeurent rares mais potentiellement graves (8).
La méningo-encéphalite à tique due au virus TBE (Tick Born Encephalitis) n’a aucun traitement antiviral curatif disponible à ce jour ; sa prise en charge repose principalement sur la prévention des piqures de tiques et la vaccination. L’évolution est généralement favorable mais 10% des patients gardent des séquelles neurologiques. La mortalité est évaluée entre 0.5 et 2% des patients.
Les rickettsioses sont responsables de la fièvre boutonneuse méditerranéenne.
L’évolution estfavorable dans la majorité des cas mais des complications sévères sont possibles avec coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) et défaillances multi-viscérales, en particulier chez les patients polypathologiques.
La tularémie représente 100 cas par an en France.
Il s’agit d’une pathologie à déclaration obligatoire pouvant causer des bactériémies avec atteintes viscérales.
La babésiose est une parasitose touchant principalement le Nord-Est de la France.
Les patients immunodéprimés (splénectomisés en particulier) sont notoirement à risque de formes sévères avec atteintes médullaires et hépatiques, une hémolyse avec CIVD, etc.
De même, l’anaplasmose granulocytaire humaine concerne principalement le Nord-Est de la France.
De diagnostic difficile, elle présente aussi un risque pour les patients immunodéprimés (atteints de néoplasies notamment) avec de possibles atteintes multiviscérales.
L’extraction de la tique doit être la plus précoce possible à l’aide d’un tire-tique par rotation-traction perpendiculaire à la peau, sans arracher la tête (6).
Après le retrait, il faut désinfecter le site de piqure.
L’éducation du patient et de son entourage sur la surveillance clinique est primordiale. Durant 1 mois, ils doivent vérifier l’apparition d’un érythème migrant au niveau de la piqûre.
Des signes généraux (douleurs, fièvre, asthénie).
Des signes focaux cutanés, articulaires, neurologiques, etc.
Enfin, le suivi implique d’inscrire la date, la localisation anatomique et géographique de la piqure dans le dossier médical du patient.
La prévention primaire des piqures de tiques passe par des mesures de protection (9) :
Porter des vêtements couvrants, longs et clairs (pour mieux repérer les tiques).
Insérer les bas de pantalon dans les chaussettes ou mettre des guêtres.
Avoir un tire-tique (achat en pharmacie).
Lors de la promenade, rester sur les sentiers, éviter broussailles, fougères et hautes herbes.
L’HAS recommande par ailleurs d’utiliser un répulsif cutané.
Selon l’ANSES (10), l’IR 3535®, le DEET, la picaridine et le citriodiol sont efficaces cliniquement et ont reçu l’AMM comme répulsif anti-tique.
On peut aussi conseiller au patient de pulvériser un répulsif textile sur la face externe des vêtements.
On peut aussi conseiller au patient de pulvériser un répulsif textile sur la face externe des vêtements.
Pour cette indication, il est possible d’utiliser l’IR 3535® ou la perméthrine
Après une sortie à risque de piqure de tique, la personne doit auto-examiner l’ensemble de sa peau le plus rapidement possible (9).
Les aisselles, plis du genou, zones génitales, conduits auditifs, le nombril et le scalp doivent faire l’objet d’une inspection particulièrement attentive.
La tique étant mieux visible après son repas sanguin, il faut conseiller au patient de répéter l’examen le lendemain.